Camille PRIETO

Son texte :

Gare de Montpellier Sud de France. Une gare « moderne » perdu dans un no man’s land en bordure d’autoroute. Rien ici ne ressemble réellement à une gare.
Ce qui fait office de salle des pas perdus est plus une galerie marchande qu’autre chose. En ce dimanche tout est fermé, ou presque. Cela rajoute à la désolation du consumérisme ayant remplacé ces espaces majestueux d’antan où l’on pouvait flâner, ou rencontrer du monde. Je ne traîne pas. Me rend directement sur mon quai. Je prends place au niveau de repères K où mon wagon devrait s’ouvrir.
Le train a 10 minutes de retard. Il ne s’arrête même pas au bon niveau. Je marche d’un pas pressé vers le la voiture numéro sept qui s’est arrêté 200 mètres trop tôt. Le voyage commence mal. À ma place, une jeune fille a étalée ses affaires. J’aime de moins en moins les voyages en trains. Et celui-ci risque de me conforter dans mon opinion. On ne peut jamais être tranquille dans un train il y a toujours quelqu’un qui écoute trop fort de la musique, des enfants qui pleurent, quelqu’un qui mange bruyamment des chips, quelqu’un qui téléphone bruyamment… je sens que je vais passer ma un long voyage...

Bon. Je ne vais pas commencer à faire mon chieur dès le début. Sinon ça se passera mal. Et puis au fond elle a plutôt l’air gentille cette femme. Je n’ai aucune raison de l’agresser d’entrée de jeux.
Je lui demande gentiment de se décaler. Ce qu’elle fait. Je m’installe contre la vitre. mine renfrogné mais courtois. J'ouvre mon magazine. J’essaye de me perdre dans ma bulle de m’isoler mentalement du monde qui m’entoure.
Elle, fouille dans son sac. En sort plusieurs affaires. J’espère qu’elle va pas trop s’étaler. Ce qu'elle extirpe de son cabas est un petit carnet la couverture pastel délavé. Et une vieille boîte métallique, qu’elle ouvre laissant découvrir une 20aines de pigments d’aquarelle ainsi qu’un stylo.
Non ce n’est pas tout à fait un stylo ça y ressemble mais c’est une sorte de pinceau avec en guise de cartouche d’encre, de l’eau.
Je me replonge dans ma lecture. Je jette tout de même de temps à autre un regard curieux sur ce qu’elle griffonne. Une sorte de vieux bonhomme mi barbare mi dieu avec un petit air jovial.

Putain ! C’est qu’elle a pas un vilain coup de crayon !
Mon regard et mon esprit naviguent entre mon magazine et son dessin s’attardant de plus en plus sur son dessin.
Elle a quand même un sacré coup de crayon cette nana.
J’ai toujours entendu dire que la musique adoucit les mœurs. Mais je suis persuadé que le dessin le fait encore plus.
Mélancolie, tristesse ainsi que ma superbe et mon aire renfrogné habituel me quitte progressivement à la vue de cette estampe. Remplacer par joie et empathie. Simplement, naturellement. Je me hasarde même à lui adresser la parole
Et en plus de bien dessiner elle semble intelligente et sympathique.
Merde, c’est qu’elle est vraiment intéressante cette femme !
Je me surprend même à lui emprunter ces carnets de croquis. Putain, je suis jaloux. Elle a développée un vrai univers. A mi chemin entre les mangas, l’héroïque fantaisie et Loisel. Classe. C’est frais. Ça fait du bien. Et la discussion est au diapason de ces dessins : simple, spontanée sans être simpliste et artificielle. Aucune arrière-pensée. Un parler simple et vrai. Proximité et intimité , même si ces termes galvaudés ont un air euphémistique ici, j’ai eu l’impression d’avoir toujours connu cette inconnue. Comme deux vieilles connaissance qui reprennent une discussion là où elle a été laissée 5ans auparavant.
Ça faisait bien trop longtemps que je n’avais pas passé un si bon moment dans le train. Je n’ai pas vu passer les 2heures. J’avais même envie de prolonger ce moment suspendu, quasiment hors de la réalité. Hors de mon quotidien en tout cas. En rentrant dans mon appartement, j’ai directement allumé mon pc.

J’ai pris l’une des trois url que tu m’as communiquée et je me suis laissé entraîner. Je me suis perdu dans les volutes encrées de tes pin-ups jusqu’à poltron minet. Admiratif et songeur. Bravo. Juste bravo. Aujourd’hui j’ai pris le temps de regarder tes autres sites. Ça m’a donné envie de reprendre ma plume pour noircir quelques feuillets de vélin. Avec des mots, pas des dessins, je n’en suis pas capable comme je te l’ai dis hier. Alors, pour conclure cette petite missive, je voulais te remercier. Tant pour les images que tu réalises que pour le bonheur simple de ces quelques heures que nous avons passé l’un à côté de l’autre. Je vais continuer à suivre ce que tu fais. C’est un bon travail. J’espère que toi aussi tu auras envie que nous gardions un contact épistolaire et que ce petit message saura te motiver pour dessiner encore et toujours.
A bientôt peut-être,

Alexandre.



Je me permets d'ajouter, que cette année encore je joue à relever le mermay challenge qui consiste à un dessin de sirène par jour au mois de mai. Pour éviter de blinder le blog, je vous invite à vous rendre sur ce si vieux blog des pinups que je tenais il y a quelques temps.

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